Le débat sur la construction de mosquées en France

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Lors de son intervention à la 32ème Rencontre annuelle des musulmans de France, organisée ce week-end au Bourget par l’UOIF, le Recteur de la Mosquée de Paris a lancé un débat sur la nécessaire augmentation du nombre de mosquées dans les années à venir.

Les vives réactions parfois pour le moins hostiles suscitées par cette proposition invitent à poser de manière républicaine le droit des Français de confession musulmane à disposer de lieux de culte dignes et bien intégrés dans l’espace urbain. L’insuffisance de mosquées dans les villes est un fait que ne peuvent plus ignorer les pouvoirs publics. La réussite de toute politique d’intégration ou de lutte contre le radicalisme ne peut se faire en faisant l’impasse sur cette réalité. Construire des édifices du culte est le seul moyen d’éviter les prières de rue et de favoriser une meilleure intégration de l’islam de France. L’exemple des prières de rue dans le 18eme arrondissement de Paris et sa résolution consensuelle grâce à l’intervention de la Ville de Paris, de la Préfecture et de la Mosquée de Paris en a été la démonstration capitale (dévolution de bail et aménagement d’une ancienne caserne des pompiers de la Porte de Clignancourt en grande mosquée pour accueillir la forte affluence des fidèles). C’est une évidence que beaucoup semblent ne pas vouloir admettre. 

D’abord, les besoins d’édifice du culte sont très importants au regard d’une population de confession musulmane estimée à 5 à 6 millions. « Il faudrait doubler la capacité d’accueil actuelle », a déclaré ce week-end le Recteur Dalil Boubakeur lors des 32eme rencontres annuelles de l’UOIF. Anouar Kbibech, président du RMF et vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM) avait dit la même chose dans le quotidien Libération daté du 17 mars dernier. Comme l’avait plusieurs fois souligné pour sa part Mohamed Moussaoui alors président du CFCM et aujourd’hui président de l’Union des mosquées de France. Tous les responsables du culte sont unanimes sur ce sujet. Car, si on estime aujourd’hui le nombre de lieux de culte musulman à près de 2 400 « mosquées » aujourd’hui, contre 1 500 en 2003, les grandes mosquées représentent moins de 1 % du total. Et il faut bien savoir que ce chiffre inclut beaucoup de petites mosquées comme les plus modestes salles de prière. Il faut bien préciser également que plus de 60 % de ces lieux de culte recensés ne dépassent pas 100 mètres carrés.

En fait, de véritables mosquées au sens d’édifices du culte (dotés d’imams permanents, bâtiments en zone urbaine pouvant accueillir l’affluence des fidèles pour les offices et les grandes fêtes religieuses et organiser des activités coraniques et culturelles, etc.), il n’y en a à peine 500 en France. Et sur les quelques projets de mosquées ambitieuses comme à Bordeaux, Marseille, Mulhouse, Narbonne, Tours…, parmi les 200 à 300 lieux de culte en projet beaucoup sont de simples salles de prière difficiles à recenser avec exactitude.

De très nombreux projets de mosquées peinent également à aboutir dans des délais raisonnables et ont des difficultés pour se financer. Ce n’est plus franchement l’hostilité des municipalités qui est en cause, rapporte le quotidien Libération même si beaucoup de mairies adoptent une passivité de principe. « Grosso modo, on est arrivé localement à une gestion pragmatique de ce dossier », estime le sociologue des religions Franck Frégosi. Des solutions en termes de permis de construire, de baux emphytéotiques, de garantie de prêts, de soutien au volet culturel du bâtiment, sont mises en œuvre avec succès et dans le respect des lois et de la laïcité. Les financements illicites de lieux de culte musulman « se comptent sur les doigts de la main » soulignent les experts concernés.

Face à cette situation de pénurie de lieux de culte décents et bien intégrés dans l’espace urbain, le Pew Forum Center estime à près de 7 millions la population musulmane en France en 2030, soit 10 % de la population totale. Encore ce chiffre ne tient-il pas compte des conversions.

Aussi, la revendication des musulmans de pouvoir construire d’avantage de lieux de cultes dignes afin de pouvoir répondre théologiquement à la demande croissante des fidèles est plus que légitime. Elle participe de leur responsabilité de protéger les jeunes générations de la subversion islamiste qui hors des mosquées gagne le Web et les zones de non-droit qui prolifèrent.

C’est pourquoi, la revendication d’augmenter la construction de mosquées en zone urbaine doit être entendu aujourd’hui par tous les responsables. Un principe de réalité doit prévaloir comme pour le dossier de la formation des imams qui va de pair avec celui des mosquées pouvant dignement les accueillir. Et sans arrières-pensées prêtés au culte musulman de chercher à combler en France un retard par rapport aux autres cultes. Bien que cela peut se concevoir dans le cadre de la loi, au nom de l’égalité.

Mosquée de Paris, lundi 6 avril 2015

Parmi les nombreuses raisons incitant à favoriser la construction de nouvelles mosquées,
il est important d’en retenir les suivantes 
:

  • Avec une population estimée à plus de 6 millions de personnes, la communauté musulmane ne dispose que de quelque 2000 lieux de culte recensés. C’est vraiment le parent pauvre de toutes les communautés religieuses en France.
  • Les conditions mises en avant par les municipalités pour délivrer un éventuel permis de construire une mosquée sont très strictes et parfois même pointilleuses, freinant ainsi des projets de construction dans des villes où le besoin est réel.
  • Le nombre insuffisant de mosquées mène assez souvent les fidèles, en raison de l’affluence, à prier dans les rues et espaces avoisinant les mosquées. A Paris, la Préfecture a été dans l’obligation de mettre à la disposition des musulmans du 18eme arrondissement une ancienne caserne de pompiers à la Porte de Clignancourt afin prévenir toute occupation de l’espace public pour les prières
  • La précarité actuelle des lieux de cultes favorise l’existence de lieux de culte clandestins échappant à toute tutelle officielle et, par conséquent, pouvant devenir des foyers de radicalisme et de délinquance.

 

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