L’Islam et la République

« Dieu veut rendre non pas difficile mais facile pour vous l’accomplissement des obligations religieuses. » (Coran II, 185)

« L’amour de la nation est une forme de la foi. » (Hadîth-nabawî)

ARTICLE 27 :

Les musulmans ont su à maintes reprises, par le passé, montrer leur attachement à la République , jusqu’au sacrifice suprême. Les innombrables tombes de nos cimetières militaires frappées du Croissant sont là pour en témoigner.

ARTICLE 28 :

La construction de l’Institut Musulman de la Grande Mosquée de Paris, par delà sa dimension cultuelle et culturelle rappelle à tous le souvenir de ces musulmans de toutes origines qui, au cours de la première guerre mondiale, ont fait don de leur vie pour que l’intégrité territoriale de la France et les valeurs de la République soient préservées. Cette institution est en même temps le symbole et le témoignage vivant de la volonté de la France d’intégrer dans le patrimoine national cette composante musulmane devenue essentielle puisque l’Islam est désormais la deuxième religion de France par le nombre de ses fidèles.

ARTICLE 29 :

La communauté musulmane, à l’instar des autres familles spirituelles du pays, entend affirmer son identité et assurer la défense de ses valeurs dans le cadre des lois républicaines.

ARTICLE 30 :

Prenant acte de ce que la laïcité implique la neutralité religieuse de l’Etat, les musulmans de France, fidèles à la tradition musulmane la plus authentique, se démarquent de tout extrémisme et témoignent de leur attachement à l’Etat qui, conformément à la loi, assure la liberté de conscience, et garantit le libre exercice des cultes et traite tous les cultes de façon équitable (article 1 de la loi de 1905).

ARTICLE 31 :

L’émergence de l’Islam comme un des principaux cultes pratiqués en France date de la seconde moitié du vingtième siècle, bien après la loi de 1905 et les textes et aménagements pratiques qui ont facilité son application en tenant compte des problèmes spécifiques à chacun des principaux cultes ayant droit de cité dans le pays. Dans l’esprit des règles d’équité entre toutes les confessions dont la société et l’Etat français s’honorent, les Musulmans attendent qu’une conception compréhensive des modalités d’application de la loi permette à leur culte de s’y intégrer harmonieusement à son tour, comme tous les autres cultes. Cela appelle notamment de la part des Pouvoirs Publics des mesures facilitant, là où cela s’avère nécessaire :

  • La construction de lieux de culte ;
  • La création d’aumôneries dans les écoles, les armées, les hôpitaux et les prisons ;
  • De carrés musulmans dans les cimetières ;
  • D’écoles privées sous contrat d’association.

ARTICLE 32 :

Les musulmans de France, en communion avec les croyants, entendent oeuvrer au développement d’une expression de la laïcité qui instaurerait entre les religions et l’Etat une situation de concorde.

ARTICLE 33 :

Membres à part entière sur le plan spirituel du vaste ensemble culturel et religieux de la « ummah  » islamique, les musulmans de France ne sont pas moins conscients des liens privilégiés les liant à la France , qui est pour beaucoup d’entre eux patrie de naissance ou d’élection. Par-delà la diversité de leurs origines ethniques, linguistiques et culturelles, les musulmans de France entendent oeuvrer à l’émergence d’un Islam de France, à la fois ouvert sur le monde musulman et ancré dans la réalité de la société française. Ne se réclamant d’aucune autorité religieuse étrangère particulière : les musulmans de France concourent à l’expression d’un Islam qui permet de vivre profondément le message coranique dans un rapport serein à la culture française.