L’organisation d’institutions représentatives

« O vous qui croyez, obéissez à Dieu, obéissez à l’Envoyé et à ceux d’entre vous qui commandent. » (Coran IV, 59)

« La conduite de leurs affaires est le fruit de leur concertation. » (Coran XLII, 38)

« En vérité, les mosquées sont à Dieu, n’y invoquez personne d’autre que Lui . » (Coran LXXII, 18)

ARTICLE 14 :

La pratique du culte musulman en France implique l’existence de mosquées dans lesquelles les fidèles peuvent accomplir dignement leurs obligations cultuelles. Ils y sont accueillis sans distinction de nationalité, de langue ou d’école de jurisprudence.

Lieux de prière et de recueillement, les mosquées doivent être tenues à l’écart des activités partisanes et des polémiques politiques pour préserver leur respectabilité et leur caractère sacré inviolable.

ARTICLE 15 :

Soucieuse également de respecter la loi républicaine (Article 25 de la loi du 9 décembre 1905) la présente charte engage la communauté à préserver l’apolitisme et la neutralité des mosquées.

ARTICLE 16 :

L’édification des mosquées incombe aux Musulmans. Ils s’organisent en Associations légalement constituées.

ARTICLE 17 :

L’Organisation de la vie cultuelle est du ressort d’une commission cultuelle permanente, issue du Conseil prévu à l’Article 26.

ARTICLE 18 :

Les fonctions des mosquées

Sur la base de ces principes clairs, les mosquées assument plusieurs fonctions communautaires :

  • Fonction religieuse : elles assurent la célébration de la prière, la lecture et l’étude du Coran, la collecte de la zakat ;
  • Fonction culturelle : elles veillent à l’organisation de cours et de conférences pour la diffusion de la culture musulmane et assurent symboliquement la visibilité de l’Islam dans la communauté nationale ;
  • Fonction de formation : elles assurent l’enseignement du Coran, de la Sunna, de la jurisprudence, de la théologie et de la culture musulmanes, l’initiation à la religion, et dispensent des cours sur la doctrine et l’éthique ;
  • Fonction sociale : elles viennent en aide aux démunis, concourent au soutien moral des familles et coordonnent les activités des aumôniers.

ARTICLE 19 :

Les mosquées apportent leur concours à l’organisation du pèlerinage et au contrôle des circuits de production et de distribution de la viande halal. Elles assurent l’aumônerie, les rites funéraires et toutes célébrations religieuses.

ARTICLE 20 :

A l’échelon de chaque mosquée, l’imam dirige la prière rituelle (salât) cinq fois par jour, organise les prières spéciales et assure la prédication hebdomadaire de la prière du vendredi.

Outre la direction de la prière, son rôle est également pédagogique : il veille à l’enseignement du Coran et de la Sunna, dispense l’éducation religieuse. Il consacre une attention particulière impliquant un effort constant de réflexion et de recherche, à une autre fonction sensible et précieuse pour les fidèles : trouver des réponses appropriées aux questions liées aux aspects juridiques ou rituels de la vie des musulmans au sein de la société française ; des réponses compatibles avec les exigences de la foi et respectueuses des lois de la République et des réalités de l’environnement social. L’imam doit avoir un comportement moral et social exemplaire, posséder une formation reconnue et une bonne connaissance de la langue française, s’informer sur les problèmes sociaux, familiaux et individuels de sa communauté, maintenir en toute circonstance, notamment sur le plan politique, la réserve inhérente à sa charge et à la séparation des cultes et de l’Etat.

ARTICLE 21 :

L’imam est responsable du local officiel du culte musulman. Il doit entretenir dans les domaines qui le concerne des rapports avec les pouvoirs publics et les représentants des autres cultes. Il est nommé par l’autorité compétente qui représente la communauté.

ARTICLE 22 :

A l’échelon de chaque région, une Conférence des Imams présidée par un Muphti régional ou à défaut par le doyen d’âge le plus compétent et le plus expérimenté sera l’organe régional de concertations et de propositions.

ARTICLE 23 :

Une Conférence nationale réunit les Présidents des Conférences régionales, les Muphtis régionaux de France. De concert avec la Commission cultuelle permanente issue du Conseil, elle a pour rôle de :

  • Assurer la coordination des activités cultuelles, en particulier la fixation des dates des fêtes religieuses du calendrier musulman ;
  • Superviser l’activité des imams ;
  • Délivrer des avis jurisprudentiels, lorsque des situations nouvelles se présentent. 

ARTICLE 24 :

L’émergence de l’Islam de France et son insertion normale dans la communauté nationale au même titre que les autres cultes, est conditionnée par l’existence d’institutions représentatives auprès des Pouvoirs Publics et des autres représentants de la société française.

ARTICLE 25 :

La structuration communautaire se fera sur la base de deux principes essentiels recommandés par le Coran : l’appel à l’union (al-ittihâd) et la nécessité de la concertation qui sont en tout point compatibles avec les exigences démocratiques et les principes des Droits de l’Homme.

ARTICLE 26 :

Le Conseil Représentatif des Musulmans de France est l’organe représentatif de la communauté musulmane au niveau national. Il est dirigé par un Président et un conseil d’Administration.