14/11/2016 05:38 / La Nouvelle République
La mosquée de Châtellerault a un nouvel imam : Salah Meradi. Un Algérien de 46 ans. Nommé par la Grande Mosquée de Paris. Et il parle français.
Salah Meradi est le nouvel imam de la mosquée « Essalam » (« Paix ») de Châtellerault, succédant à Naceur Baadache. Arrivé à Châtellerault le 30 octobre, cet Algérien de 46 ans, marié et père de cinq enfants (sa famille est restée en Algérie), est imam depuis 23 ans à Batna (la capitale des Aurès située à l’est de l’Algérie) où il a suivi tout son cursus. « J’ai deux bacs (mathématiques-techniques et sciences islamiques) ainsi qu’une licence sciences islamiques. J’ai le grade imam professeur. J’ai exercé dans deux mosquées à Batna. J’ai aussi un diplôme de technicien supérieur en maintenance équipement informatique qui m’a permis d’apprendre le français et de le parler couramment », égraine celui qui, comme le veut la tradition, a été nommé par la Grande Mosquée de Paris à laquelle, la mosquée de Châtellerault, la modérée, est affiliée (*).
Choisi parmi 1.000 imams d’Algérie
Ce n’est pas tant son cursus éloquent que sa maîtrise de la langue française qui a permis à Salah Meradi d’être choisi pour être imam en France.
Depuis les attentats, de plus en plus de voix réclament une nouvelle organisation du culte musulman pour former les imams, évincer les prédicateurs radicaux et surveiller les financements des mosquées. Pour construire cet « islam de France » dans le respect des valeurs de la République, les imams algériens détachés en France doivent depuis cette année suivre des formations et tests.
Salah Meradi parle d’«un parcours long et difficile », en lien avec le ministère algérien des affaires religieuses mais nécessaire pour être habilité à venir enseigner dans l’Hexagone et y diriger les prêches. « Il fallait d’abord plusieurs conditions comme maîtriser la langue française ou connaître le Coran par cœur. Ensuite, à partir d’avril 2015, nous avons fait à Alger des stages et examens. Il y avait 1.000 candidats pour 60 postes d’imam à pourvoir en France. Les thèmes de ces formations étaient le vivre ensemble, la laïcité, la tolérance… J’ai fini 2e sur les 60 sélectionnés… », résume ce fils d’imam.
Juste avant de venir en France, Salam Meradi et les 59 autres imams d’Algérie sélectionnés ont participé, en septembre à Alger, à une rencontre avec le ministre algérien des affaires religieuses, le chef du bureau central des cultes au ministère français de l’Intérieur (Arnaud Schaumasse) et le recteur de la Grande Mosquée de Paris (Dalil Boubakeur).
Qui paye l’imam ?
Le but ? « Donner la véritable image de l’islam par des actes et des comportements exemplaires » et « faire en sorte que les imams algériens soient aussi à l’avant-garde de la lutte contre les idées extrémistes qui menacent les jeunes musulmans en France », rapporte-t-on dans la presse algérienne.
A ce jour, 44 des 60 imams détachés sont arrivés en France [sur un contingent de 120 imams] et ont pris leur poste, dont Salah Meradi qui a le statut de fonctionnaire détaché d’Algérie, pays qui le rémunère (plus de 2.000 € par mois) donc via la Grande Mosquée de Paris. « Je suis à Châtellerault pour quatre ans. Châtellerault, c’est une ville impeccable. C’est le même climat qu’à Batna d’où je viens. Je remercie le président de la mosquée et sa chaleureuse communauté musulmane châtelleraudaise pour leur accueil. »